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L’envolée des stock buybacks doit-elle nous inquiéter ? – SKEMA Finance |
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Source: L’envolée des stock buybacks doit-elle nous inquiéter ? – SKEMA Finance
Hippolyte Leprelle
24 novembre 2021
Alors que l’année 2021 n’a pas encore touché à sa fin, les entreprises américaines auraient déjà racheté pas moins de 870 milliards de dollars de leurs propres actions selon Goldman Sachs. Que signifie ce phénomène ? Lorsqu’une entreprise rachète ses propres actions, on parle en anglais de stock buyback. Ce mécanisme est pratiqué depuis le milieu des années 80 et, selon JP Morgan, la valeur reversée aux actionnaires en buybacks aurait dépassé celle des dividendes dès 1997. Il fait aujourd’hui de plus en plus parler de lui dans la presse financière, notamment dans ce contexte de retour d’inflation semant la panique. Comment fonctionne-t-il réellement et constitue-t-il un risque réel pour l’économie ?
Qu’est-ce qu’un stock buyback ? Le rachat de ses propres actions par une entreprise a pour but de réduire le nombre d’actions circulant sur les marchés. Il surgit en théorie lorsqu’une entreprise a réalisé des bénéfices et doit choisir comment les répartir. Elle dispose de plusieurs choix : 1) Elle peut choisir de les réinvestir dans de l’équipement par exemple ; 2) Elle peut les verser en dividendes aux actionnaires ; 3) Elle peut s’en servir pour racheter ses actions et influencer sa capitalisation en bourse.
Il existe deux moyens pour racheter ses propres titres. Soit grâce à une offre publique d’achat (OPA) ou tout simplement en rachetant les titres échangés sur le marché secondaire. Lors d’une OPA, l’entreprise proposera à ses actionnaires un prix plus attractif que le marché afin de racheter un nombre conséquent d’actions.
Bien que l’on puisse penser que le cours de l’entreprise augmente grâce à un jeu de l’offre et de la demande stimulé par la rareté, le mécanisme est un peu différent dans la réalité. Les actionnaires s’intéressent plutôt aux bénéfices nets que réalise l’entreprise dont ils sont propriétaires à hauteur de leur participation. Ils prennent simplement le montant du bénéfice net de l’entreprise et le divisent par le nombre d’actions circulant sur le marché. Ce ratio très connu, nommé Earnings Per Share (EPS) ou Bénéfice Net par Action, influence le cours de l’action. Diminuer le dénominateur (le nombre d’actions) fera donc logiquement augmenter le Bénéfice Net par Action. Dès lors, quand l’entreprise “efface” des actions en les rachetant, elle fait gonfler son cours en bourse ce qui revalorise les parts que détiennent les actionnaires.
Cette solution semble séduire un nombre grandissant d’entreprises au point que parmi les plus de mille deux cent milliards de dollars qu’ont perçus les actionnaires des entreprises du S&P 500 en 2018, près de deux tiers étaient le fruit de la plus-value créée par des stock buybacks.
Un mécanisme approuvé par certains et controversé pour d’autres Les détracteurs des buybacks affirment qu’il ne s’agit que d’un moyen court-termiste de reverser plus de bénéfices aux actionnaires. Seuls les investisseurs à court-terme en profiteraient puisque l’entreprise se prive de réinvestir ses bénéfices dans de l’équipement ou de la recherche par exemple. Cela pourrait ainsi freiner son développement à plus long-terme. Selon plusieurs études relatées dans un article de Leonore Palladino, il existerait en effet une corrélation entre l’utilisation de buybacks et la baisse des investissements productifs. Ces études restent toutefois mitigées, d’autres ayant démontré par différents moyens que cette corrélation n’existait pas.
Cependant, dans son étude réalisée en 2020, Palladino a mis en lumière une autre corrélation possible. Les buybacks qu’effectuerait une entreprise pourrait motiver la vente d’actions par les membres de la direction pour leur compte personnel. Grâce à des données recueillies entre 2005 et 2017, il a estimé que pour un même titre, une hausse des buybacks de 10% pouvait entraîner une hausse de 0,5% des ventes d’actions possédées à titre personnel par les membres de la direction. S’il ne s’agit pas pour autant d’un délit d’initié, cela pourrait indiquer que les buybacks ne sont qu’une solution pour faire une plus value à court-terme.
Un risque pour l’économie ? Les entreprises lorsqu’elles réalisent des stock buybacks s’endettent afin de racheter leurs actions. Le rapport du FMI sur la stabilité financière dans le monde publié en 2019 a montré que les entreprises ayant une note inférieure à BB aux États-Unis et en Europe prenaient des risques pour racheter leurs actions. Elles auraient en effet contracté entre 50 et 130 mille milliards de dollars de crédits à hauts risques (obligations à risque et prêts à effet de levier) entre 2010 et 2019 dans ce but. La part des entreprises européennes reste cependant très faible. Cet amas de dette menace donc directement l’économie en cas de défaut d’autant que les buybacks sont source de volatilité sur les marchés.
Leur menace sur l’économie due à leur financement et leur aspect court-termiste avait été fortement critiquée par Joe Biden durant sa campagne en 2020. Les démocrates souhaitent actuellement instaurer une taxe de 2% sur le rachat d’actions pour les entreprises américaines. Cependant, cette taxe est critiquée d’abord par ceux qui pensent qu’elle ne va pas assez loin contre ce phénomène et par d’autres qui la trouvent injustifiée. Ces derniers jugeant que les buybacks ne posent pas problème en reprenant l’exemple d’Apple, leader dans le rachat de ses propres actions aux États-Unis. Autre argument, celui du jugement très positif donné par Warren Buffet sur les buybacks, un des actionnaires majoritaires d’Apple par le biais de sa société d’investissement, Berkshire Hathaway.
L’envolée des stock buybacks ne représente donc pas nécessairement un mauvais signe pour l’économie mais les entreprises ne devraient cependant pas racheter leurs actions à tout prix lorsqu’elles s’exposent à un fort risque de défaut. L’idée d’une taxe sur le rachat d’actions est très intéressante et à suivre de près dans les prochains mois.
Sources
Hippolyte Leprelle
24 novembre 2021
Alors que l’année 2021 n’a pas encore touché à sa fin, les entreprises américaines auraient déjà racheté pas moins de 870 milliards de dollars de leurs propres actions selon Goldman Sachs. Que signifie ce phénomène ? Lorsqu’une entreprise rachète ses propres actions, on parle en anglais de stock buyback. Ce mécanisme est pratiqué depuis le milieu des années 80 et, selon JP Morgan, la valeur reversée aux actionnaires en buybacks aurait dépassé celle des dividendes dès 1997. Il fait aujourd’hui de plus en plus parler de lui dans la presse financière, notamment dans ce contexte de retour d’inflation semant la panique. Comment fonctionne-t-il réellement et constitue-t-il un risque réel pour l’économie ?
Qu’est-ce qu’un stock buyback ? Le rachat de ses propres actions par une entreprise a pour but de réduire le nombre d’actions circulant sur les marchés. Il surgit en théorie lorsqu’une entreprise a réalisé des bénéfices et doit choisir comment les répartir. Elle dispose de plusieurs choix : 1) Elle peut choisir de les réinvestir dans de l’équipement par exemple ; 2) Elle peut les verser en dividendes aux actionnaires ; 3) Elle peut s’en servir pour racheter ses actions et influencer sa capitalisation en bourse.
Il existe deux moyens pour racheter ses propres titres. Soit grâce à une offre publique d’achat (OPA) ou tout simplement en rachetant les titres échangés sur le marché secondaire. Lors d’une OPA, l’entreprise proposera à ses actionnaires un prix plus attractif que le marché afin de racheter un nombre conséquent d’actions.
Bien que l’on puisse penser que le cours de l’entreprise augmente grâce à un jeu de l’offre et de la demande stimulé par la rareté, le mécanisme est un peu différent dans la réalité. Les actionnaires s’intéressent plutôt aux bénéfices nets que réalise l’entreprise dont ils sont propriétaires à hauteur de leur participation. Ils prennent simplement le montant du bénéfice net de l’entreprise et le divisent par le nombre d’actions circulant sur le marché. Ce ratio très connu, nommé Earnings Per Share (EPS) ou Bénéfice Net par Action, influence le cours de l’action. Diminuer le dénominateur (le nombre d’actions) fera donc logiquement augmenter le Bénéfice Net par Action. Dès lors, quand l’entreprise “efface” des actions en les rachetant, elle fait gonfler son cours en bourse ce qui revalorise les parts que détiennent les actionnaires.
Cette solution semble séduire un nombre grandissant d’entreprises au point que parmi les plus de mille deux cent milliards de dollars qu’ont perçus les actionnaires des entreprises du S&P 500 en 2018, près de deux tiers étaient le fruit de la plus-value créée par des stock buybacks.
Un mécanisme approuvé par certains et controversé pour d’autres Les détracteurs des buybacks affirment qu’il ne s’agit que d’un moyen court-termiste de reverser plus de bénéfices aux actionnaires. Seuls les investisseurs à court-terme en profiteraient puisque l’entreprise se prive de réinvestir ses bénéfices dans de l’équipement ou de la recherche par exemple. Cela pourrait ainsi freiner son développement à plus long-terme. Selon plusieurs études relatées dans un article de Leonore Palladino, il existerait en effet une corrélation entre l’utilisation de buybacks et la baisse des investissements productifs. Ces études restent toutefois mitigées, d’autres ayant démontré par différents moyens que cette corrélation n’existait pas.
Cependant, dans son étude réalisée en 2020, Palladino a mis en lumière une autre corrélation possible. Les buybacks qu’effectuerait une entreprise pourrait motiver la vente d’actions par les membres de la direction pour leur compte personnel. Grâce à des données recueillies entre 2005 et 2017, il a estimé que pour un même titre, une hausse des buybacks de 10% pouvait entraîner une hausse de 0,5% des ventes d’actions possédées à titre personnel par les membres de la direction. S’il ne s’agit pas pour autant d’un délit d’initié, cela pourrait indiquer que les buybacks ne sont qu’une solution pour faire une plus value à court-terme.
Un risque pour l’économie ? Les entreprises lorsqu’elles réalisent des stock buybacks s’endettent afin de racheter leurs actions. Le rapport du FMI sur la stabilité financière dans le monde publié en 2019 a montré que les entreprises ayant une note inférieure à BB aux États-Unis et en Europe prenaient des risques pour racheter leurs actions. Elles auraient en effet contracté entre 50 et 130 mille milliards de dollars de crédits à hauts risques (obligations à risque et prêts à effet de levier) entre 2010 et 2019 dans ce but. La part des entreprises européennes reste cependant très faible. Cet amas de dette menace donc directement l’économie en cas de défaut d’autant que les buybacks sont source de volatilité sur les marchés.
Leur menace sur l’économie due à leur financement et leur aspect court-termiste avait été fortement critiquée par Joe Biden durant sa campagne en 2020. Les démocrates souhaitent actuellement instaurer une taxe de 2% sur le rachat d’actions pour les entreprises américaines. Cependant, cette taxe est critiquée d’abord par ceux qui pensent qu’elle ne va pas assez loin contre ce phénomène et par d’autres qui la trouvent injustifiée. Ces derniers jugeant que les buybacks ne posent pas problème en reprenant l’exemple d’Apple, leader dans le rachat de ses propres actions aux États-Unis. Autre argument, celui du jugement très positif donné par Warren Buffet sur les buybacks, un des actionnaires majoritaires d’Apple par le biais de sa société d’investissement, Berkshire Hathaway.
L’envolée des stock buybacks ne représente donc pas nécessairement un mauvais signe pour l’économie mais les entreprises ne devraient cependant pas racheter leurs actions à tout prix lorsqu’elles s’exposent à un fort risque de défaut. L’idée d’une taxe sur le rachat d’actions est très intéressante et à suivre de près dans les prochains mois.
Sources
- Nicholas Megaw, Oct. 11 2021, “US companies authorise more than $870bn in stock buybacks”, Financial Times
https://www.ft.com/content/dd9a7b72-1f9b-4b66- ac75-200d1653ce6f - “Do corporate insiders use stock buybacks for personal gain?”, Lenore Palladino, INTERNATIONAL REVIEW OF APPLIED ECONOMICS 2020, VOL. 34, NO. 2, 152–174
https://eds.p.ebscohost.com/eds/pdfviewer/pdfviewer?vid=1&sid=f28576b0-f366-4055-9c8b-ce571ad9e359% 40redis - Eric Rosenbaum, Oct. 8 2021, “What a tax on stock buybacks would, and wouldn’t, mean for the bull market”, CNBC
https://www.cnbc.com/2021/10/08/what-a-tax-on-stock-buybacks-wouldmean-for-the-bull-market.html - William Lazonick, Mustafa Erdem Sakinç, and Matt Hopkins, Jan. 7 2021, “Why Stock Buybacks Are Dangerous for the Economy”, Harvard Business Review
https://hbr.org/2020/01/ why-stock-buybacks-are-dangerous-for-the-economy - International Monetary Fund, Oct. 2019, Global Financial Stability Report, “Chapter 2: Global Corporate Vulnerabilities: Riskier Business”
https://www.imf.org/en/Publications/GFSR/Issues/ 2019/10/01/global-financial-stability-report-october-2019
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